jeudi 11 octobre 2007

Coaching parental : de l'Enfant Roi à l'Enfant Chef... de l'Enfant Chef à l'Enfant Tyran ???

Tiens donc... J'en parlais il y a quelque semaines, la Libre en fait un article... Ouf !!!! Vive les prises de conscience !!!! :-)

J'extrais pour vous les passages qui me touchent le plus, mais si le sujet vous intéresse, aller lire "Papa, je vais le dire à maman", ou la destitution des pères de Diane DRORY, psychanaliste. Mis en ligne le 10/10/2007 sur http://www.lalibre.be/article.phtmlid=11&subid=118&art_id=375800

"Affiches massives le long des autoroutes, spot publicitaire à la Une, oui, le ton est donné, on officialise l'autorité enfantine : "Papa, mets ta ceinture ou je vais le dire à maman." (...)Force est de constater que le rôle des générations s'y retrouve raboté, voire même inversé.

(...) l'enfant, qui, depuis les années septante, avait acquis pas à pas le grade d'Enfant Roi, se voit adouber du devoir d'être un Enfant Chef. (...) Dans un premier temps, le jeune passager sourit et jubile d'avoir à tenir son chauffeur bien à l'oeil. Il n'empêche, la ceinture de sécurité, ce n'est pas pour rigoler. (...) Imaginez une seconde qu'un papa soit blessé dans un accident, parce que son fils aurait oublié de le sommer de mettre sa ceinture ? Voilà de quoi semer, dans les âmes enfantines, de solides graines d'angoisse, des pousses de responsabilité et éventuellement des fruits de culpabilité. (...) Surtout qu'il est plutôt mal barré en ce qui concerne la sanction. Que faire si papa n'obéit pas ? Puisqu'il y a pas moyen de l'interdire de sortie ou de lui supprimer son argent de poche, il ne reste qu'à aller le dénoncer au chef suprême : maman.

(...) Se voir considérer comme l'équivalent, voire le supérieur d'un parent, malgré que cela puisse se révéler gratifiant pour l'amour-propre de l'enfant, est un rôle lourd à porter.

(...) nous constatons une inversion de parentalité : l'enfant est devenu le parent et le parent est devenu l'enfant. Ce type de situation fragilise l'enfant dans sa construction psychique, car au lieu de se centrer sur lui pour se développer, son attention se focalise sur la protection et le contrôle d'éléments et de personnes extérieurs à lui. La parentalisation, aussi appelée adultisation, est un piège qui empêche l'enfant de trouver sa place dans la hiérarchie des générations. Il y a mélange des genres, mélange des places, mélange des rôles, ce qui incite l'enfant à croire qu'il est un partenaire à part égale, que la société d'aujourd'hui souhaite annuler les différences générationnelles.

Les enfants n'auraient-ils plus droit à l'insouciance ?
N'est-ce pas le rôle des adultes de guider l'enfant et non pas l'enfant de soutenir l'adulte ?
Alors que se multiplient les commissions en tous genres pour la protection de l'enfance, pour favoriser la bientraitance, il est étonnant de voir les instances publiques cautionner l'alliance de l'enfant avec un parent pour mettre l'autre parent au pas.
Rappelons qu'en infantilisant un parent au détriment de la relation de couple, on active les fantasmes oedipiens qui désirent pouvoir faire main basse sur le parent du sexe opposé.
En faisant alliance avec un des parents, l'enfant s'ampute du lien parental que peut offrir l'autre parent.
"Je vais le dire à..." Faut-il éduquer à la délation ?
Et puis, tous les parents sont-ils prêts à obéir à leur progéniture ?
Est-ce à des enfants pas encore pubères de faire la leçon, de donner des ordres, de pointer à l'adulte les comportements adéquats à avoir ?
N'est-il pas temps d'endiguer cette mode qui considère les parents, et surtout les pères, comme des irresponsables ?

(...) Une publicité si peu gratifiante à l'égard des pères ne les rassure pas dans le droit d'être des chefs de file. Ce n'est pas la première du genre et finalement nos regards d'adultes s'habituent et banalisent. Mais les enfants, eux, sont attentifs à notre monde d'adulte et à tout ce qu'il leur transmet. Leur asséner moins de messages paradoxaux, c'est les respecter dans leur désir de comprendre, de donner un sens et une place à ce qu'ils vivent quotidiennement. (...)

Sans doute, faudrait-il être attentif, dans les messages sociétaux qui circulent vis-à-vis des enfants, à un peu plus de cohérence et penser à réfléchir aux effets que peuvent produire, à un second degré, des publicités adultisant les enfants".

Et je rajouterais que de l'Enfant Roi à l'Enfant Chef, puis à l'Enfant Tyran, il n'y a qu'un pas...

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