mardi 21 mai 2013

CHRISTIANE SINGER - Une personne qui inspire mon modèle de coaching


  Le Club reçoit Christiane Singer : Extrait d'une interview de mai 2001 
  Christiane Singer s'est toujours émerveillée devant la vie. C'est peut-être sa manière de mettre l'accent sur cette part d'éternité qui se cache en chacun de nous... 

Parmi ses œuvres majeures :  
Où cours-tu? Ne sais-tu pas que le ciel est en toi?  
Du bon usage des crises 
Eloge du mariage, de l'engagement et autres folies.


 

"Le Club : Le titre de votre nouveau livre, Où cours-tu ? Ne sais-tu pas que le ciel est en toi ?, évoque les métamorphoses d'un vieux slogan de mai 68 : "Cours, camarade, le vieux monde est derrière toi..."


Christiane Singer: Je ne renie pas cette époque, elle a donné à nos vies une dimension de générosité qui leur manquait. Depuis, j'ai appris que je n'étais pas responsable du salut du monde, mais seulement de la petite parcelle qui m'est confiée. Je continue, pourtant, à regarder par dessus les murs du jardin, et je vois avec effroi, ceux que nous écrasons par notre fondamentalisme économique. Je suis farouchement opposée à la recette universelle de l'american way of life. Nous devons apprendre à résister au harcèlement mercantile.

Le Club
: C'est le fait d'habiter dans une forteresse du XIIe siècle, en Autriche, qui vous donne tant de recul sur le monde contemporain?

Christiane Singer: J'ai toujours vécu dans des lieux imaginaires, Rastenberg est seulement un lieu réel aussi beau qu'un lieu imaginaire. Mais il serait vain d'imaginer que j'aurais pu habiter ailleurs, être une autre... J'ai besoin de mettre un espace de respiration entre le monde et moi, mais je ne me sens pas en décalage. Seulement, je suis sans doute plus consciente que beaucoup de mes contemporains qu'une part de moi échappe au temps, à cette hypothèse de vie moderniste un peu étroite. La prétention de l'homme contemporain, son arrogance face à la création, sont grotesques. "Ils s'en croient...", comme on disait chez moi, à Marseille : " On aura bientôt décrypté les mystères de la vie "; " on a vaincu l'Anapurna ". Une fourmi qui, arrivée en haut d'une botte de foin, affirme l'avoir vaincue... c'est comique, non ?


Le Club : Vous êtes très sévère avec notre société, au point d'assimiler mercantilisme et dictature...

Christiane Singer: Nous vivons au cour d'une secte où notre cerveau est lavé cent fois par jour avec la publicité, et cette secte-là, pour lui échapper, il faut se lever de bon matin ! Tout ce qui est inspirant et beau est exploité par la pub. Le sacré absolu du corps humain, la grâce de la femme sont utilisés, rentabilisés.


Le Club : Au point que vous qualifiez la télévision de " bouche à ordures "...

Christiane Singer: Je lui reproche principalement d'accompagner la vie de millions d'êtres en leur apprenant l'impuissance et la passivité. Un écran de verre nous sépare de tout. L'interaction est impossible.


Le Club : Ne peut-il y avoir d'arrangement entre matérialisme et spiritualité?

Christiane Singer: L'opposition est irréversible. Le premier fonctionne sur le manque, l'autre sur la plénitude. Le premier nous propose un saladier plein de bonbons sirupeux : impossible de s'arrêter de mettre les bonbons à la bouche... L'accès à l'intériorité me révèle au contraire que je suis " entier ". Il faut tenter de reprendre pied en soi même.


Le Club : Mais comment?

Christiane Singer: Il y a une vingtaine d'années, je suis passée par une crise très profonde que l'enseignement de Graf Durckheim m'a aidé à traverser. Ce travail sur l'ancrage en soi, sur la conscience accrue de notre présence au monde, j'ai eu envie de le transmettre. C'est le sens des stages que j'organise. Il s'agit de ne plus être manipulable, de ne plus chercher dehors un havre comme une réponse. De retrouver ses racines intérieures.

(...)

Le Club : Lorsqu'à trente-cinq ans, vous avez publié la Mort viennoise, votre quatrième roman, on vous prédisait une belle carrière de romancière... Pourquoi vous être tournée vers les essais?

Christiane Singer: Roman ou essai, il s'agit de la même source. Je n'ai jamais écrit pour être lue, mais pour faire passer du souffle, pour rendre hommage à la vie. Je suis une enfant d'après-guerre qui n'a jamais pu s'habituer au fait d'être vivante. C'est étonnant d'être vivant, c'est saisissant. Il faut apprendre à dire merci. J'ai parfois affaire, dans mes séminaires, à des gens brisés par une séparation, un échec, un divorce. Il est essentiel de leur apprendre à dire: " Tu m'as fait du mal, mais je te remercie pour cet amour que nous avons partagé, je te remercie, je remercie la vie et je te laisse aller. " Nos erreurs nous apportent beaucoup, elles nous poussent à nous interroger. Rien ne nous est dû sur cette Terre. Tout est cadeau. Les bureaux de réclamation sont clos.

Le Club
: L'évolution de notre société vous désespère-t-elle?

Christiane Singer: Quand les dinosaures ont disparu, l'univers ne s'est pas arrêté dans son évolution... Notre société ne détruit pas la nature, elle se détruit elle-même. Mais il n'y a pas que les maladies qui sont contagieuses : la tendresse, la foi dans la vie, l'espoir de vivre, le sont aussi. Mille fois, j'ai vu des familles réparées par le travail d'un seul. Un seul être peut transformer tout un village.

Le Club : Comment retrouver l'émerveillement devant la vie?
Christiane Singer: Peut-être par le goût de l'aventure. Il ne faut pas confondre la vie avec cette petite cage dans laquelle nous nous sommes laissés enfermer. Il faut chausser les "semelles de vent" de Rimbaud, se mettre debout dans le vent de la vie."

  (http://www.grandlivredumois.com/static/actu/rencontres/singer.htm)


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