vendredi 6 juillet 2012

COACHING DE COUPLE : L'amour n'est pas fait pour rendre heureux, mais vivant :)

"Aimer durablement n'est pas plus naturel à l'Homme que la rose au jardin" - Armand Lequeux

Un livre que j'ai beaucoup aimé, à mettre entre les mains de ceux qui voudraient percer le secret des couples qui durent ;), ou à offrir aux couples qui ont envie de faire un long chemin ensemble :).

Armand Lequeux y distingue "le lien" et "la relation": le lien est le véhicule, la relation est le carburant... 
> Faute d'avoir intégré la différence, les couples d'aujourd'hui croient peut-être trop vite qu'on doit jeter sa voiture à la 1ère panne d'essence ;). Il conviendrait sans doute de retrouver le sens des limites et du pardon. Avec des limites, un espace privé et un temps partagé réservé, le couple peut acquérir une sécurité suffisante pour permettre aussi bien la rencontre harmonieuse que la confrontation. Il arrêtera de croire trop vite que le lien est rompu alors que c'est simplement la relation qui est en panne et que nous pourrions la dépanner! Et si chacun dans le couple peut se moquer et rire de lui-même, ça aide!

Les crises de couple proviennent souvent de l'inconscience que l'on a de nos ambivalences : nous aimons ce que nous abhorrons chez l'autre, nous détestons ce qui nous plait...

Malgré l'importance toujours croissante de la communication dans les relations humaines, nous ne nous entendons toujours pas mieux :-/ Le problème réside sans doute dans la question : quelle sens (signification et direction) a le couple? Ce sens qu'a le couple est très lié à l'époque.

> Les couples durables d'antan traversaient de concert les aléas de la vie tellement le sens de leur relation était évidente, tournant autour de valeurs incontestables comme le devoir, l'engagement, l'effort, l'honneur, le sacrifice...

> Fin des années 60, c'est la révolution : l'injonction dominante suivante va fortement impacter le sens des couples qui leur ont succédé : "chacun d'entre nous est créateur de sa propre personne et se réalise authentiquement". Dans le nouveau modèle, nous passons à un modèle jetable. Le lien ne vaut que s'il est authentiquement partagé et s'il offre un promesse de bonheur. Chacun parle en JE, il est indispensable de se connaître soi-même (jamais acquis!), de s'assumer (jamais évident!)... On ne s'intéresse au TU que pour ce qu'il fait résonner chez soi.  
Le problème, c'est que JE + JE = rien d'autre que 2 nombrils qui se regardent!!! Alors au petit jour, l'un ou l'autre constate qu'il s'est trompé d'histoire d'amour. Or une promesse qui n'est plus en résonance avec mon moi profond ne m'engage plus... Sans regret, parfois avec rancune (car TU deviens responsable de mon échec), la quête continue... N'est-ce pas confondre l'amour avec un échange narcissique, dans lequel chacun est convoqué pour confirmer l'autre dans son identité? C'est rassurant et il est bon de connaître soi-même, mais si on s'arrête là, c'est plutôt stérile ;)

> Oser un couple conscient, n'est-ce pas oser lâcher prise? Avoir l'audace de l'ouverture aux mystères de soi et de l'autre. Cultiver l'étonnement, la passion à son propos ("qui es-tu? Comment vas-tu? Que vis-tu?") plutôt que les certitudes qui tuent l'amour ("tu es toujours/jamais"...). Cesser de croire qu'il faut séduire avec des qualités qui exigent de nous de vivre sans cesse sur la pointe des pieds. Je peux aussi donner à l'autre ce que je n'ai pas : ... ma faille et mes insuffisances!!!! Il ne s'agit pas de s'écraser ni de s'humilier devant l'autre, mais d'oser se mettre à nu, persuadé qu'on sera aimé(e) tel(le) qu'on est. Accepter de reconnaître nos besoins, oser en informer notre conjoint(e), parier qu'il/elle en prendra compte tout en sachant qu'il/elle ne les comblera probablement pas (c'est souvent pas en son pouvoir)!
Même s'ils ne sont pas (entièrement) satisfaits, clarifier nos besoins dans le couple change la perspective : en exprimant ce qui se vit en nous, nous prenons conscience de l'influence de nos frustrations sur la qualité de la relation, nous reprenons chacun nos responsabilités et nous ne rendons plus coupable notre conjoint(e) de notre mal-être.

L'amour nourrit le lien conjugal. Il y participe mais il n'est pas le lien. Aimer n'est pas seulement une émotion ni un sentiment, c'est aussi une décision!

> Positifs ou négatifs, les sentiments et émotions ne sont ni bons ni mauvais. Apprenons à les exprimer sans culpabilité ni justification ni reproche. Ils naissent en nous, reflètent un part de notre être mais ne sont pas nous!Ils n'ont donc pas à prendre les rênes de mon existence. Je peux, par une prise de conscience lucide, m'en désolidariser au moment d'un choix, d'une décision. Un agacement est une insatisfaction sous-tendue par une dissonance entre une attente et une réalité.

> 5 étapes pour gérer des émotions dans un cadre conjugal :
- percevoir mes émotions (= être présent à soi)
- creuser = comprendre les éléments déclencheurs et le besoin profond qui se cache
- dire ce que l'on vit, partager son univers intérieur à son/sa partenaire sans l'attaquer (= parler de soi dans notre vulnérabilité)
- réguler = s'entraîner à réduire l'impact sur soi, en prenant une perspective moins égocentrique
- agir = établir des codes de conduite, adopter des conventions (car comment vivre en paix sans avoir borné nos terrains respectifs?
Un tel partage, s'il se fait "dans le mutuel préjugé favorable amoureux" diminue miraculeusement les aspects négatifs et renforce le lien!

"On ne devrait jamais sortir indemne d'une rencontre, quelle qu'elle soit". Sylvie Germain
Si nous voulons nous aimer durablement, nous sommes invités à nous choisir à nouveau chaque matin, à la fois par décision volontaire et par abandon consenti. Ce choix continuellement renouvelé me rend responsable de mon apport à la qualité de la relation et est une reconnaissance de la pérennité du lien qui ne dépend pas de la qualité du climat relationnel. En route pour érotiser le quotidien, élaborer une stratégie de séduction qui fera que mon conjoint soit stimulé à continuer de me choisir!!!! Car rien de l'autre nous est du.
Pourquoi réserverions-nous nos plus beaux sourires et notre vitalité la plus tonique à nos amis, pour réserver nos plaintes et notre fatigue pour notre conjoint? Dans le couple, il y a la place pour nos récriminations et nos humeurs chagrines, pour les pleurs et les régressions infantiles, mais pas seulement! :) Entrons dans la valse à 3 temps : je te choisis, je te reçois, je te séduis :)))

Le sexe ne fait pas le bonheur, mais il y contribue :)
> Selon les valeurs contemporaines, le besoin s'impose comme un droit qui vient s'affronter au droit de l'autre dans une relation de marchandage. Si la sexualité est vécue comme un besoin physiologique, tout comme la jouissance comme un du, elle risque de s'imposer avec dureté au sein du couple, avec de moins en moins de liberté!!! Nous ne pouvons consommer sexuellement notre partenaire sous prétexte que nous avons besoin de nous soulager!! La sexualité n'est ni un besoin, ni un instinct, mais une pulsion, un désir. Il est urgent, si nos amours veulent être durables, de travailler à la transmutation du plomb de nos besoin en or du désir!

> Notre désir est en développement durable, pour autant que le manque soit toléré, assumé et partagé. Il est utile de distinguer "désirer", "souhaiter" et "agir"! Entre désirs et souhaits, il y a les choix de vie, ce que l'on désire conserver pour soi et les autres. Prenons conscience de nos désirs afin de mettre nos limites avant la phase souhait plutôt qu'avant la phase action (trop tard, le désir devenu souhait se fait irrésistible)! ;) La réalité certes ringarde mais incontournable est qu'il ne s'agit pas de renoncer à nos désirs, mais d'assumer que certains ne seront jamais comblés.

Quelques autres "trucs et astuces" des couples "vivants" qui durent...

> Quand le sexe devient un espace de rencontre, les couples jouissent à la fois du sexe et du durable :) Pour eux, la sexualité est un moyen et non un fin, un mode de communication privilégié où la performance n'a pas sa place. Ils ne confondent pas le plaisir de la rencontre avec l'orgasme, ni la sexualité, l'érotisation avec l'interaction sexuelle, l'acte de copuler. Ils prennent le temps sans toujours prendre leur pied! L'orgasme est bienvenu :) mais pas un but en soi... Bienheureuse la panne occasionnelle (féminine ou masculine) qui fait durer le voyage et impose la parole.

> Ils érotisent leur vie quotidienne par des allusions, des gestes, des regards qui n'exigent pas un passage à l'acte systématique. Continuellement en quête de la bonne distance qui aimante les cœur et les corps sans les fusionner, ils cultivent l'humour, passent de l'extase au fou rire sous la couette :)

> Ils entrent "dans la trajectoire érotique" par n'importe quel "porte" puisqu'elle est une boucle :
intimité émotionnelle > stimuli érotiques > excitation génitale > désir sexuel > satisfaction > intimité émotionnelle > ...
Le désir (pour se sentir vivant/aimé) n'est donc pas le seul prérequis pour entrer/maintenir/faire tourner la roue!!! Nous pouvons  lâcher nos préoccupations obsédantes de performances sur le désir sexuel, l'érection pénienne, l'atteinte de l'orgasme... :) Vivre pleinement son désir ne rime pas qu'avec faire l'amour à feu vif et continu :) On peut aussi se réchauffer par quelques braises et cendres chaudes sans se devoir d'allumer chaque fois une flambée du diable :)

> Pour les couples durables, la notion de fidélité n'est pas liée aux conjoints : la fidélité est intégrée au lien lui-même. Le lien est défini comme plus important que les parties qu'il joint. Dans un couple "vivant", les conjoints ont décidé de conclure une alliance à vocation durable avec une volonté de mutuelle bienveillance. Être fidèle dans ce couple, c'est être fidèle à ce vœu de bienveillance inconditionnelle en sachant que le niveau d'intimité et d'exclusivité peut varier au fil du temps. Alors serait infidèle celle ou celui qui serait consciemment malveillant(e) envers son/sa conjoint(e), pour de petites comme de grandes choses!!

> Dans ce cadre, il semble pertinent de faire régulièrement des bilans de couple! Les couples qui s'unissent aujourd'hui avec le désir de durer devraient accepter, pour rester vivants, que le lien qui les unit évoluera avec eux et les valeurs de la société dans laquelle ils vivront.

Je vous invite à vous plonger dans le livre pour en savoir plus...

Professeur d’université, Armand Lequeux, a manifestement des dons de pédagogue. Il se forge l’exemple d’Élisabeth, Marianne et Delphine sur lequel il revient souvent. Elles représentent trois générations de femmes, trois conceptions de l’amour et du couple. La première a tenu bon car, à cette époque, il le fallait. Le couple était plus important que chacune de ses composantes. La seconde, contemporaine de mai ‘68, n’a pas réussi son couple. Pour elle, l’épanouissement des membres du couple primait sur l’efficacité du système conjugal. La troisième, Delphine, fait partie de cette génération qui pourrait inventer une nouvelle manière d’aimer. Le modèle de son couple est encore en chantier et son plan n’est guère précis, explique le sexologue. Il sera sans doute fait d’un mélange subtil entre l’autonomie et la solidarité, sans cesse remis en question.
C’est avec Delphine, bien sûr, qu’Armand Lequeux se veut complice, car lui aussi croit que l’amour peut durer, et il en cherche les recettes. Mais il n’y en a pas, il faudra se contenter d’une sagesse et d’une lucidité. Et surtout, éviter de se tromper. Le livre est bâti sur les fausses conceptions de l’amour. En voici quelques-unes qui sont, à chaque fois, le titre d’un des quatorze chapitres : Non, les amours cassées ne sont pas irréparables ; Non, bien communiquer n’est pas la clé de l’amour durable ; Non, l’amour n’est pas fait que de sentiments et d’émotions ; Non, l’amour ne rend pas transparent et il n’a pas l’obligation de nous rendre heureux ; Non, l’amour n’interrompt pas la nécessité de choisir et de séduire ; Non, l’épanouissement sexuel n’est ni nécessaire ni suffisant, pour bâtir un couple durable ; Non, l’amour d’un enfant ne soude pas le couple parental... Et enfin, ce quatorzième chapitre qui situe la profondeur du livre : Non, l’amour n’empêche nullement la solitude existentielle. Sans doute sont-ce ces malentendus qui rendent aujourd’hui les couples si fragiles.

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