vendredi 16 avril 2010

COACHING FAMILIAL : le bonheur forcé de la famille recomposée ou l'avènement d'un nouveau type d'abandon?


Faire passer la famille recomposée pour quelque chose de formidable : réalité ou duperie généralisée de notre époque?

Avez-vous remarqué le soin que l'on prend aujourd'hui à faire passer pour normal ce qui ne l'est pas? Et pour désirable ce qui fait souffrir? Aujourd'hui, la famille recomposée s'est belle et bien imposée comme une quasi norme... quasi formidable! On claironne son bonheur recomposé, affirmant à qui veut l'entendre que cette nouvelle manière de vivre est synonyme d'harmonie et de joie pour tous. Comme s'il fallait déculpabiliser les parents du début du XXIè siècle. Si aujourd'hui, pour la plupart, nous avons le mérite de vouloir choisir de vivre comme nous le souhaitons (et non subir), l'assumons-nous tout à fait?

Il semble que nous les adultes ne sommes pas tout à fait capables d'assumer notre égoïsme et nos valeurs individualistes face à nos enfants. Car la famille recomposée reste une sacrée difficulté pour nos petits (et même pour nous?), même si tout se passe bien (pour qui au fait?). Le discours autour du bonheur de la famille recomposée n'est il pas écrit par des adultes, pour des adultes? Côté enfants, priés de sourire sur les photos glacées, la fête est moins évidente :(. Si nous on a le droit de choisir notre vie, vous n'avez que le droit de suivre ou subir! Surtout lorsque cette recomposition réussie éclate à son tour et que les gamins balottés à nouveau se retrouvent abandonnés, si souvent hélas, par d'ex-beaux-parents qui s'évanouissent brusquement de leur quotidien... alors que les enfants avaient déjà eu tant de peine à ouvrir leur coeur...

Cet abandon se généralise en toute bonne conscience (ce n'est pas mon(mes) enfant(s) après tout!). Bizarre, c'est comme si ces lâcheurs se souviennent tout d'un coup des valeurs de solidarité légitimes uniquement pour la famille de sang et ne se sentent plus aucune obligation! Ouf! Sauvé! On peut négliger que ça reste moche de trahir la confiance accordée par un enfant. Et puis, nous avons bien le droit de vivre ce qui nous chante, nous qui sommes enfin libérés des croyances casse-pieds de nos aïeux!!! Je jouis donc je suis. C'est quand même ça le développement personnel, non? :((( Et c'est génial pour transmettre aux enfants la confiance dans la relation affective! :(((

Ne rentrons-nous pas dans une éternelle adolescence festive (on parle de "jeunisme") en refilant l'addition aux petits? N'exigeons-nous pas trop souvent d'eux (sans rougir) d'être solidaires de notre duperie malhonnête ? Et surtout, n'attendons-nous pas d'eux qu'ils nous déculpabilisent en niant le mal qu'on leur fait? Ayez la bonté de ne pas trop nous faire part de vos désarrois, de vos sentiments d'insécurité, de vos désaccords (au début), de vos tristesses et frustrations (à la fin). Cela gâcherait notre plaisir et la visible harmonie. Veuillez suivre le rythme des changements de notre vie affective sans broncher, prière d'accueillir le/la/les nouveaux venus avec sourire et enthousiasme. Parce que la famille recomposée, c'est quand même formidable!

Pourquoi ne pas revendiquer sans fard nos priorités hédonistes et notre égoïsme réel? Au risque d'être jugés pour ce que nous sommes en réalité : des gens imparfaits, souvent âpres et plutôt nuls dans nos relations... Cette manoeuvre de faussaire a quelque chose de plus incorrecte que de brusquer un enfant, c'est de nier le mal qu'on lui fait. Pour préserver une fallacieuse bonne conscience... qui compromet de surcroît le succès éventuel d'un bonheur recomposé : on ne peut pas être heureux si l'on muselle par comodité la part de souffrance de nos petiots.

1 commentaire:

Sakura Dojo a dit…

Un bel article plein de profondeur, j'ai bcp aimé.
Gros bisous.
Steph