Rien que ce terme de "LÂCHER PRISE" semble une ineptie.
Comment lâcher une prise? Ce n'est pas dans notre culture qui nous invite à tout contrôler, tout maîtriser! :)
Je préfère à l'expression de "lâcher prise" l'idée de prendre un instant de recul, de se détendre suffisamment pour parvenir à adopter un autre point de vue qui nous permette de comprendre que nous avons tout avantage à lâcher ce à quoi l'on tient mais qui ne nous convient plus.
Avoir pour cela une personne qui nous fasse miroir de nos attachements, ie des "prises" que l'on ne veut pas lâcher même si elles sont obsolètes ou que d'autres plus adaptées nous attendent quelque part...
C'est clair que c'est plus facile de lâcher une prise pour en prendre une autre ;) Cela nous demande un véritable acte de foi (en soi et en l'avenir) que de faire confiance que quand on lâche prise, autre chose (souvent de mieux, au regard de notre nouveau point de vue!) nous arrive...
Un extrait de Matin Magique qui exprime bien cette difficulté que l'on a de lâcher ce que l'on connait - et pourtant qui nous échappe - pour accueillir l'inconnu :
«L'astuce, c'est de pratiquer la douceur et le lâcher-prise. Nous pouvons apprendre à accueillir tout ce qui se présente avec curiosité, sans y attacher tant d'importance. Au lieu de nous battre contre la confusion, nous pouvons venir au-devant d'elle et nous détendre. Ce faisant, nous découvrons progressivement que la clarté est toujours présente. Au cœur du plus mauvais scénario de la plus mauvaise personne du monde, au milieu de tous les dialogues insoutenables avec nous-mêmes, il y a toujours de l'espace ouvert.»
– Pema Chödrön
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Un homme est poursuivi par un tigre. Il court à toute vitesse, jusqu’à arriver finalement au bord d’une falaise. À bout de souffle, il jette un coup d’œil rapide et remarque une branche qui pend environ un mètre plus bas. Il saute et l’agrippe fermement. Le tigre le rejoint rapidement et grogne de frustration. Bien qu’il ne soit pas hors de danger, notre ami pousse un soupir de soulagement.
Après un court instant – ô horreur! –, la branche commence à plier. Affolé, l’homme regarde en bas, et voit qu’une chute de plusieurs centaines de mètres l’attend si la branche casse. Et en haut de lui, la grosse patte du tigre tente de l’agripper un peu trop habilement. Complètement dépourvu, il regarde vers le ciel, et crie «Dieu, si tu es là, s’il te plaît aide-moi. Je vais faire tout ce que tu me demandes – mais s’il te plaît, viens à mon secours!»
Une voix répond : «Tu feras tout ce que je te demande?»
À la fois surpris et ravi d’entendre une réponse, l’homme répond en criant : «Absolument, je ferai tout ce que tu me demandes. Mais s’il te plaît, sauve-moi!»
La voix des Cieux répond : «Il y a une façon de te sauver, mais cela requerra du courage et de la foi».
La branche à laquelle il est agrippé commence à plier de plus en plus dangereusement, et le tigre semble loin de se décourager… Donc l’homme s’empresse de répondre : «S’il te plaît, Seigneur, dis-moi ce que je dois faire et je le ferai. Ta volonté est la mienne».
La voix répond «C’est bon. Alors voici : lâche prise».
Lâcher prise? Lâcher la branche?
L’homme regarde le précipice. Il regarde ensuite le tigre un peu plus haut. Puis il se tourne vers le ciel et lance : «Y a-t-il quelqu’un d’autre à l’écoute?!»
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"Je ne sais pas si vous avez déjà entendu cette histoire, mais elle me fait toujours sourire…
Lâcher prise peut être si difficile. Bien souvent, on est prêt à TOUT faire, sauf à s’abandonner à la vie. Notre prophète préféré pourrait apparaître directement devant nous et nous inviter à nous décontracter, et on continuerait de s’agripper à nos soucis. On n’en est pas toujours conscient, mais on a terriblement peur de relaxer.
J’ai déjà vécu dans un état de contraction presque constant. J’avais l’impression que mon stress était vital, que c’était le mortier qui empêchait mon existence de s’écrouler. Quand j’essayais de me détendre et de m’abandonner à la vie, je sentais la même panique que notre ami. Tout, sauf ça. Je préférais «mourir» d’anxiété plutôt que mourir en lâchant la branche… Pour moi, cette sensation de perdre le contrôle était pire que la souffrance.
Paradoxalement, il est souvent beaucoup plus difficile de se détendre que de faire des efforts. L’avez-vous remarqué? Oui, il est plus facile de dépenser beaucoup d’énergie et de forcer que de relaxer. Car lâcher prise est toujours un saut dans le vide, par définition. Chaque fois que l’on se décontracte, on s’abandonne à une force plus grande que nous… Une force invisible que notre mental ne peut anticiper ou contrôler. Comme dans la petite histoire, on ne voit jamais le filet avant le moment où on décide de sauter.
On peut simplement attendre de ne plus avoir le choix que de lâcher prise, bien sûr. On peut attendre que la branche cède, ou que nos doigts se fatiguent et finissent par perdre leur prise. Et le filet apparaîtra. Il apparaît toujours. La question est : combien de temps vivrons-nous dans la peur, entre le tigre et le précipice, avant de décider qu’on en a assez? Combien de temps choisirons-nous de nous agripper plutôt que de laisser la vie nous porter?
C’est ce que j’ai envie de vous proposer aujourd’hui. Faites le choix le plus courageux qui soit : détendez-vous, et savourez votre existence. Plutôt que de remplir votre vie de stress et de soucis, accueillez la paix, le vide, et voyez ce qui se présente. Car on se contracte dans le but d’obtenir un résultat agréable qui nous comblera… mais en réalité, on n’est jamais aussi comblé que lorsqu’on est dans un état de détente et de joie".
mardi 20 mai 2014
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