Avez-vous déjà mesuré l’incroyable capacité
d’émerveillement des humains? Il suffit d’observer un bébé de
quelques mois : tout le fascine, tout le captive, tout l’enthousiasme.
:) Son corps entier le dit, il s’agite, il crie de joie ou de surprise à
chaque découverte ou redécouverte. Il veut toucher, sentir, saisir,
goûter l’insecte et la fleur, la barbe de son père et le jouet de sa
soeur, le tissu des vêtements…
Une trentaine d’années plus tard, le
changement est saisissant :-/. Revêtu d’un costume-cravate ou d’un tailleur
de circonstance, l’ex-bébé prend l’avion Bruxelles-Paris, tôt le
matin, pour participer à une réunion importante. L’hôtesse de l’air lui
sourit et il ne le remarque pas.
L’avion passe au-dessus des nuages pendant que le jour se lève, depuis
le hublot, l’aube est d’une beauté à couper le
souffle. Personne ne la regarde. À part la femme du siège 4A, pourtant
habituée au trajet, mais que le spectacle du lever du jour vu d’en haut
bouleverse, chaque fois : fascinée, captivée. Émerveillée…
Certains savent encore s'émerveiller. Ils posent des yeux éblouis sur tout, résistant à la lassitude
comme au cynisme ambiant. À quoi tient cette capacité ? Comment la
développer, ou, plutôt, la retrouver et ne plus la lâcher ? Comment retrouver et garder notre regard
d’enfant?
«
L’émerveillement est une faculté poétique qui se décide » Bertrand Vergely.
Alors... Mettons-nous-y immédiatement ! :)
Nous pouvons prendre conscience de comment l’enfant émerveillé que nous étions découvre peu à peu, en plus des fleurs, des insectes et des
rais de lumière où danse la poussière, le conflit, le travail, la
responsabilité, les rôles à tenir et leur cortège d'obligations écrasantes pour “devenir”. En quelques années de vie, nous voilà tellement consignés dans nos urgences, tellement absorbés par nos devoirs et nos contraintes que nous sommes devenus insensibles aux beautés qui s’offrent à nous à l'improviste.
En grandissant, nous échangeons peu à peu notre capacité
d’émerveillement contre la capacité de comprendre, d’affronter,
d’essayer de maîtriser le monde dans lequel nous avançons. En perdant de
vue sa beauté, son mystère, sa magie.
Selon Bertrand Vergely, pour supporter l’âpreté
et les rudesses inouïes de l’existence, nous choisissons l’
idéalisme («Une manière de réduire la réalité à
un concept») ou le
matérialisme («Le contre-pied triste et tragique
de l’idéalisme»).
"Nous négligeons une troisième voie, un "continent
philosophique" : l’émerveillement. Non pas la naïveté nue inhérente à
l’enfance, ou le fait d’un trait de caractère dont
seraient dotée une infime partie de
la population, mais le choix délibéré, conscient, libre, de refuser
l’aigreur, la dureté et la peur pour aborder le monde avec ouverture et
gourmandise".
« Mon enthousiasme m’a toujours menée là où j’avais envie d’aller : vers la vie et ses beautés ».
Apprendre à s’émerveiller, c’est décider d'apprendre à s’arrêter d’être
inquiet et de jouir de ce qui vient avec gratitude. C’est accepter de ne pas tout comprendre, apprendre à laisser les choses
s’éclairer plutôt que vouloir les expliquer.
L’épreuve, la
difficulté, l’angoisse peuvent certes nous priver de notre capacité
d’émerveillement, mais ce sont elles qui nous y ramènent, aussi. « Comme la fraise a goût de fraise,
la vie a goût de vie » et « Comme la bière a goût de bière, la vie a goût de mort »…
Être un humain émerveillé se choisit et s’apprend, résolument, avec plus
ou moins de facilité en fonction des histoires et des individus. C'est un travail,
un cheminement que d'être conscient du bonheur d'exister, devant lequel nous
ne sommes pas tous égaux.
"Le premier pas vers l’émerveillement, c’est
l’émerveillement de soi-même, comme l’enfant qui découvre qu’il tient
debout tout seul".
«S’émerveiller, c’est ouvrir ce
qu’on croyait fermé, accepter de se
laisser toucher par la beauté, mystère absolu».
"Le merveilleux est dans l’ordinaire, le quotidien."