mercredi 26 mai 2010

CHRISTIANE SINGER - Quand télé & solidarité ne font pas bon ménage

Dans le magnifique ouvrage de CHRISTIANE SINGER, "Mais où cours-tu? Ne sais-tu pas que le ciel est en toi?", il est un passage que j'ai apprécié beaucoup sur le thème de la SOLIDARITE.

Avez-vous senti comme devant le harcèlement ininterrompu de négativité tragique des médias (notamment du JT de la télé), une anesthésie nous saisit... comme si devant cette immensité de souffrance, mon engagement se décourage... Depuis l'avènement de la télé, il se passe une révolution qui n'a pas d'antécédent en des milliers d'année d'évolution de l'être humain. Des réflexes aussi anciens que la fuite ou la solidarité ne jouent plus.

"Devant une personne tombée, blessée, criant de souffrance, je me précipite pour l'aider. Il y a dans mes gênes dans la longue lignée d'hommes et de femmes qui m'ont précédée, cette réponse inscrite, ce geste qui porte secours. Mais depuis une génération (...) voilà que notre élan naturel est arrêté par un écran de verre! Et je suis là, devant cette détresse, et chaque fois que je veux avancer la main... l'écran de verre! Et ce qui se passe en nous est alors une sorte de drame morbide. Quand aucune réponse n'est possible à une incitation inlassablement répétée, on devient fou. La détresse concentrée est trop grande. Mon découragement immense va peu à peu me mettre en catalepsie. La compassion naturelle est ligotée, bâillonnée. On se dit : de toute façon c'est joué ! Et il y a du diabolisme dans ce découragement, du diabolisme qui fonctionne comme dans les systèmes totalitaires. On voit, mais il ne faut pas montrer qu'on a vu. On est témoin d'horreur mais il faut passer sans avoir l'air parce que si on intervenait, on serait soit même broyé par la violence"... ou l'on risquerait de perdre ses propres acquis, son propre confort...

Ces différents écrans - réels puis finalement symboliques - ont un autre effet ravageur : ils atrophient nos sens! Cette perte de notre réflexe de solidarité nous déshumanise en nous rendant froid, distant par rapport à ce qui arrive à l'autre, nous pousse à l'individualisme, à la perte d'empathie, nous isole sous une cloche en verre sécurit anti-sensibilité...

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