Entre la sexualité subie et celle qui est franchement désirée, il existe de nombreuses zones intermédiaires. Et l'on peut également considérer que les actes posés sous contrainte («subis») se répartissent sur un gradient de gravité qui va du bénin à la destruction importante du corps et de l’esprit de l’enfant… Des "épines sexuelles" aux abus graves.
Qu'est-ce qui fait que l'enfant vive l'événement comme une "épine bénigne"?
- Le fait que l'événement soit isolé ou quasi et que l'enfant ait conscience de ce caractère non récurrent ou qu'il connaisse et maîtrise les moyens de contrôler son retour (par exemple, éviter telle fréquentation).
- Le fait qu'il émane d'une personne étrangère à la famille de l'enfant. Si c'est un adulte, le risque d'atteinte psychique diminue encore si cet étranger n'exerce aucune autorité officielle ou morale ni pouvoir d'emprise de facto sur l'enfant.
- Le fait qu'il soit suivi le plus rapidement possible par de la parole reconstructive : parole qui explique ce qui s'est passé, qui permet à l'enfant de comprendre qu'il n'était pas menacé dans son intégrité physique, ou encore, parole qui tente de rattraper les choses ; parole où l'agresseur rend compte de ses motivations et demande pardon à l'enfant.
La majorité des enfants sont à même de cicatriser rapidement l'impact traumatique ou excitant de ces égratignures, seuls ou aidés. S'il en est ainsi, nous pouvons nous en tenir à :
- Les préparer : leur expliquer que les épines égratignent leur corps sexuel et génèrent un souvenir désagréable, mais que leur âme et leur valeur n'en volent pourtant pas en éclats.
- Leur apprendre à se faire respecter et les y encourager, notamment en acceptant qu'ils nous disent « non » quand nous leur manquons de respect au quotidien.
- Les prévenir qu'ils ne gagneront pas tous ces petits combats sexuels ; nous en avons perdu quelques-uns aussi et c'est ainsi que va la vie : il existe de loin en loin une ronce que l'on a vue à temps et que l'on peut enjamber... ou sur laquelle on s'écorche les mollets.
- Ne pas les traquer, les laisser libres de se confier ou non à propos de ces incidents. Si un enfant décide d'en parler, commençons par l'écouter et par le consoler. Puis, étudions avec lui, de façon réaliste, les tenants et les aboutissants des réactions susceptibles d'exister (au moins sur papier).
Être vigilant, mais sans excès
Toute intervention, parentale ou autre, doit veiller à ne pas provoquer le risque de la traumatisation secondaire et de la stigmatisation par les pairs. Cela n'en vaut pas la peine pour telle histoire — moche au demeurant — qui s'est passée dans les douches du club sportif ! Réagir discrètement entre parents, sans dramatiser, voire « l'écraser » pour cette fois, tout en stimulant la prudence de l'enfant à l'avenir, peuvent constituer les réactions positives les plus réalistes.
Pour la minorité d'enfants très vulnérables, déjà fort traumatisés par leur confrontation à ces petites épines, comment réagir ?
Montrons-nous d'abord sensibles à leur souffrance, qu'ils essaient souvent de dissimuler : allons à leur rencontre et encourageons-les délicatement à s'exprimer. S'ils le font, veillons à ce qu'ils reçoivent de la solidarité familiale et des soins psychologiques adéquats. Par ailleurs, nous pouvons les entraîner, eux aussi, à mieux se défendre et à avoir confiance dans leurs capacités.
Pour en savoir plus : http://www.jeanyveshayez.net
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