mardi 26 août 2008

COACHING PARENTAL • Belle-mère : un rôle de composition

Dans la famille recomposée, je voudrais… la belle-mère ! Moderne, bien entendu, afin que se transforme l’image mythique de la marâtre détestable des contes de fées. Tel est l’effort apporté par la psychanalyste Catherine Audibert dans son livre "Le Complexe de la marâtre"*, auquel s’est intéressé le journal suisse Le Temps.

A l’heure où les belles-mères n’ont jamais été aussi nombreuses, il devenait urgent de se pencher sur leur place et leur rôle. Dans son livre, Catherine Audibert montre tout d’abord que l’exemple de la marâtre des contes est très utile au jeune lecteur. "Sur elle, il peut canaliser toute la colère et l’agressivité qu’il ressent parfois pour sa mère, tout en conservant son image intacte." Ainsi, explique la thérapeute, "la bonne et la mauvaise mère ne font qu’une, et le dédoublement de la figure maternelle aide l’enfant à vivre l’ambivalence de ses sentiments sans se sentir coupable. Car il va sans dire que la vraie mère est un ange de douceur et de générosité, tandis que la belle-mère ne peut se concevoir qu’injuste, jalouse et méchante."

Mais, dans la vie, quand la figure de la mère est incarnée par deux femmes, l’effet est tout autre, note Le Temps. Pour grandir, il faut apprendre à vivre l’ambivalence de ses sentiments "vis-à-vis de celle qui vous aime tout en vous enseignant la frustration." Du coup, "une marâtre en chair et en os offre parfois à l’enfant l’occasion d’esquiver la difficulté en concentrant ses mauvaises pensées sur l’intruse sans égratigner l’aura de sa génitrice."

L’écart entre les contes et la réalité n’a jamais été aussi grand, insiste Catherine Audibert. Alors que Cendrillon était orpheline, dans la réalité d’aujourd’hui, si la mère est séparée du père, elle est encore bien vivante. "Il lui arrive même de peser lourdement sur le destin de la nouvelle famille en construction : c’est ce que racontent beaucoup de patientes de la psychanalyste, paralysées par ce 'fantôme omniprésent' qui ne leur laisse aucune chance", souligne le journal.

Pour régler cette problématique, il faudrait que l’homme intervienne en éloignant l’ombre de "LA" mère et en "créant une place pour la belle-mère".
Mais trop souvent, il ne le fait pas, "animé soit par la culpabilité, soit par une sorte de 'fantasme polygame' qui le voit entouré de toutes ses femmes à la fois", analyse Catherine Audibert. Du reste, "c’est un peu un conte de fées à l’envers que nous raconte la psychanalyste", s’étonne de son côté le journal suisse. Dans "Le Complexe de la marâtre", on rencontre en effet beaucoup de "mères perfides, d’enfants pas si innocents et des pères moyennement princiers"… :-)

La particularité du livre est de s’efforcer de réhabiliter le rôle ingrat de la belle-mère. "Aucune femme n’a jamais rêvé d’être marâtre", écrit justement son auteur. Les belles-mères doivent incarner un personnage qui leur est imposé et qu’elles ne se sont jamais représentés : "En dehors de la harpie malveillante des contes de fées, il n’y a pas de modèle". Pour occuper sa place de belle-mère, la femme doit "effectuer tout un travail psychique" que Catherine Audibert s’applique à décrire en s’étonnant du peu de littérature spécialisée existant sur ce thème.

Par ailleurs, remarque la psychanalyste, même si le père a un rôle décisif à jouer en "créant une place pour la marâtre", c’est aussi le regard des autres qui revêt une grande importance. De même, la société doit accorder une place plus claire aux belles-mères, "notamment sur le plan juridique : devant un juge du divorce, la nouvelle femme du père n’a souvent pas droit à la parole, même lorsqu’elle prend soin des enfants depuis des années".

* Ed. Payot, 2004.

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