Kaelou 1, 2, 3 Je te saigne ! - Insolite
La colère est un émotion simple qui traduit l'insatisfaction. Elle est vécue à l'égard de ce qu'on identifie, à tort ou à raison, comme étant "responsable" de notre frustration. On éprouve donc de la colère envers "l'obstacle" à notre satisfaction. C'est sur cet aspect que la colère se différencie fondamentalement de la tristesse (qui elle aussi traduit une frustration). Dans la tristesse, on est directement en contact avec le manque lui-même, alors que la colère est une réaction à la cause de la frustration.
La colère est une émotion que nous vivons fréquemment. En effet, il y a de multiples occasions d'insatisfaction durant une journée de vie. De plus certaines d'entre elles perdurent parce que nous négligeons de nous en occuper adéquatement.
Selon l'importance de l'insatisfaction , la colère prend différentes intensités et diverses identités. Pour n'en nommer que quelques-uns, disons que le mécontentement et l'irritation se situent à une extrémité, alors que l'exaspération et la fureur sont près de l'autre extrémité.
Il y a aussi divers genres d'insatisfactions qui s'expriment à travers une gamme d'émotions de colère reflétant leurs particularités. La rage, par exemple, est déclenchée en partie par l'impuissance à se soustraire à la situation non désirée. La révolte est spécifique aux situations où on perçoit une injustice. Plusieurs émotions traduisant de la colère sont composites, comme le mépris, la jalousie, le dépit, la rancune...
À quoi sert la colère?
Les organismes vivants cherchent à maintenir l'équilibre nécessaire pour conserver un degré optimal de vitalité et de croissance. Leur processus d'adaptation fonctionne continuellement pour veiller à cet équilibre. Chez l'homme, les émotions jouent, au plan psychique, un rôle d'informateur spécifiquement sur le degré de satisfaction des besoins.
La colère surgit lorsque l'équilibre est rompu dans un aspect de notre vie. Le déséquilibre prend la forme générale d'une insatisfaction. Celle-ci peut signifier qu'un besoin est insatisfait, qu'un désir n'est pas comblé, qu'une attente est sans réponse ou peut-être même qu'un caprice n'est pas satisfait. La colère porte un double message: elle signale à la fois l'insatisfaction et ce que nous considérons comme "l'obstacle" à notre bien-être. La colère, en effet, est toujours vécue à l'égard de quelqu'un ou de quelque chose. On en veut "à" de nous "faire vivre" telle chose.
La colère déclenche une mobilisation de l'organisme entier. L'esprit est concentré sur le problème (plus particulièrement sur l'obstacle). Plusieurs réactions physiologiques sont déclenchées; elles sont particulièrement visibles lorsque la colère est intense. L'expression "la moutarde me monte au nez" traduit bien la sensation physique que produit le début de cette mobilisation physiologique. La mobilisation nous prépare à "l'attaque". On devient prêt à se défendre, à conquérir ce qui nous apportera la satisfaction désirée. Essentiellement, la colère fournit l'énergie pour vaincre l'obstacle qui se dresse devant nous.
Comme toutes les émotions, la colère est une saine manifestation d'insatisfaction. Mais la façon dont on la vit peut parfois engendrer des problèmes. Souvent, elle apporte une telle "soupape" qu'on a difficile à la lâcher tant que l'on a pas obtenu la réparation attendue. La colère s'auto nourrit alors et dévitalise.
Dans la mesure où elle se développe selon le processus vital d'adaptation, elle nous conduit à une action "appropriée" : faire respecter ses limites, se positionner, protéger son intégrité (émotionnelle, affective, physique, philosophique...) .
Une saine gestion de la colère va de pair avec l'attitude qui consiste à porter la responsabilité de sa vie. Lorsqu'au contraire on considère les autres (ou la vie elle-même) comme responsables d'assurer notre bien-être, on est naturellement porté à les accuser de nos frustrations.
Il est donc faux d'affirmer que la colère est "mauvaise conseillère" ou encore qu'elle provoque l'emportement. Ce sont plutôt les blocages dans le processus émotionnel ou les erreurs dans l'attribution des responsabilités de notre satisfaction qui expliquent nos faux pas.
Par exemple, le fait de sauter une seule étape du processus émotionnel de ma colère, m'empêche d'agir en respectant "tout ce qui m'importe". Si je ne prends pas la peine de la ressentir et de comprendre "comment et combien" je suis affecté, je ne pourrai pas trouver une façon d'agir pour "compléter" réellement mon expérience. En négligeant une ou plusieurs étapes du processus, il me sera également impossible de savoir si ma colère est défensive ou fondée. Par exemple je ne pourrai me rendre compte que ma colère sert de camouflage à ma tristesse ou encore que j'attaque au lieu de reconnaître une vérité dénoncée.
Si par ailleurs j'ai tendance à faire porter la responsabilité de ma satisfaction aux autres, ma colère portera souvent sur des cibles impropres. Dans ce cas, je risque souvent de stagner dans mes insatisfactions, car les personnes faussement accusées ne collaboreront pas.