Comment s'installe l'abus sexuel grave? Si a violence sexuelle entre l’auteur et sa victime peut s’installer ou persister, c’est souvent parce que personne n'a pu ou voulu prendre une place efficacement positive pour protéger la victime, dialoguer avec l’auteur ou interpeller des professionnels compétents.
Pourquoi cette non-prise de responsabilité ? Par vraie ignorance, parfois. Ailleurs, ce tiers est trop absent ou occupé pour mettre en œuvre une part de vigilance. Plus souvent malheureusement, le tiers a des doutes et fait la politique de l’autruche, en raison de l’angoisse ou de la terreur que soulève en lui l’idée de la révélation des faits ( violence de l’auteur, éclatement des structures actuelles ; honte publique ; etc. ). Parfois hélas, il peut s’agir d'un manque de solidarité ou de l’ambivalence que ce tiers vit à l’égard de l’enfant sacrifié, jusqu’à ressentir qu’après tout, ça arrange bien les choses que l’auteur se soulage sur ce dernier … jusqu’à se venger sur l’enfant d’autres maltraitances que l’on a subies soi.
Parfois, c'est sur un enfant sans caractéristiques particulières que s’abattent les sévices. Plus souvent cependant, il émane de l’enfant comme des points d’appel qui vont attirer sur lui l’attention négative du futur auteur ou l’inertie des tiers :
Pouvoir de séduction particulier ; sentiments œdipiens intenses ; non-socialisation ; isolement; carence affective et besoin d’être aimé par n’importe quel moyen ; hyper-érotisation...
Au début du processus d’abus, nombre d’enfants pourraient se protéger plus efficacement de leur agresseur. Certains y parviennent bien, discrètement ou avec de l’aide. Mais beaucoup ne réagissent pas, par ignorance ou soumission, en référence à une image immature de ce que doivent être les rapports enfants – adultes, c'est à dire des rapports d’obéissance. (« On doit obéir à l’adulte, qui a nécessairement raison. »)
Par la suite, une petite partie des enfants se transforme de l’intérieur et élabore des stratégies d’adaptation … qui ne font qu’aggraver les choses : dépression, culpabilité et soumission ; confusion des idées et adhésion partielle à celles de l’auteur ; masochisme et adoption de comportements de provocation enrageants pour l’auteur, etc.
Que deviennent ces enfants abusés, adolescents ou adultes?
A. Certains seront à peine troublés de l’intérieur par les abus qu’ils ont vécus comme une fatalité incapable de détruire leur être profond.
B. D'autres seront meurtris, mais réussiront à partiellement cicatriser leur souffrance. Bien décidés à faire de leur vie une réalité positive, ce qui reste bien à portée de leur volonté.
C. D’autres demeureront démolis de l’intérieur, sans réelle cicatrisation. Ils exprimeront leur souffrance sur un mode négativiste, ou dépressif, en "auto-agressant l’être sans valeur qu’'ils croient avoir toujours été" (toxicomanie, anorexie mentale, tentative de suicide au début de la vie adulte). C’est surtout le cas lorsque les critères de gravité étaient intenses au moment des abus (volonté de posséder l’enfant, tromperies sur le fait que l’on fait cela pour son bien, indifférence, lâcheté et mauvaise foi de l’entourage, montée précoce d’une fort mauvaise estime de soi, persistance du silence, si pas du rejet après coup).
Soyons vigilants, apprenons à nos enfants ce qu'est leur intégrité physique, encourageons-les à dire STOP au non respect de leur intégrité.
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